dimanche 3 novembre 2013

L'Afrique Réelle n°47 - Novembre 2013




























Sommaire :

Dossier : Les guerres d’Afrique en 2013

- La ligne de feu du Sahel
- Le Sahélistan de la région Nigeria-Niger-Cameroun
- L’interminable guerre du Kivu
- RCA : les coupeurs de route au pouvoir

Economie : 
Investir en Afrique ? Oui, mais en évitant les pièges des statistiques

Histoire : 
Il y a neuf ans, le bombardement de Bouaké


Editorial de Bernard Lugan :

Le 20 octobre, au Mali, les forces françaises déployées dans le cadre de l’Opération Serval ont lancé l’Opération Hydre. Pour mémoire, l’Opération Serval qui a débuté le 11 janvier 2013, a permis de reprendre le nord du pays aux jihadistes et de « nettoyer » le massif des Iforas qui était devenu leur base régionale d’action.

La réussite militaire de Serval n’ayant pas été suivie d’un règlement politique, la question de l’irrédentisme nordiste demeure donc entière ; or, c’est sur cette réalité ethnique que prospère l’islamisme. Comme je ne cesse de le dire depuis le début de la guerre du Mali, la priorité était pourtant de prendre en compte la légitime revendication des populations nordistes, notamment, mais pas exclusivement, les Touareg, qui n’acceptent plus que l’ethno-mathématique électorale fasse de leur région une colonie sudiste.
L’addition des démissions décisionnelles françaises datant de la période Sarkozy et des premiers mois de la présidence de François Hollande a fait qu’un incendie au départ limité et qui aurait pu être rapidement éteint au moyen d’une opération « discrète », est devenu un foyer régional de déstabilisation.
Le chaos en retour se fait ainsi sentir en Libye où tout le sud du pays est devenu une base jihadiste, en Tunisie, où l’armée semble impuissante à réduire les maquis, au Tchad où la contagion a commencé, au Darfour et en RCA, cependant qu’un continuum fondamentaliste s’est établi avec les islamistes de Boko Haram du nord Nigeria.
Ainsi donc, le « Sahélistan », fantasme il y a encore quelques mois, est-il devenu réalité. L’une de ses forces et il faut avoir cela à l’esprit, est qu’il s’agit d’une résurgence historique ramenant directement aux jihad sahéliens du XIXe siècle qui embrasèrent la totalité de la région depuis le Soudan à l’Est jusqu’au Sénégal à l’Ouest. Or, l’islamisme sahélien d’aujourd’hui s’abreuve à cette « fontaine de rêve » fermée par la colonisation.
Cette constante inscrite dans la longue durée ne peut être comprise par des journalistes et des politiciens esclaves de l’immédiateté et par des « africanistes » formatés par l’école de la culpabilité européenne.
Voilà pourquoi, dans le Sahel, au cœur de ce qui fut notre « pré carré », ceux qui inspirent la politique de la France ont fait une colossale erreur d’analyse reposant sur la priorité donnée aux postulats idéologiques aux dépens des réalités géographiques, anthropologiques et historiques.

Après le Mali, l’armée française serait en cours d'engagement en RCA, pays en plein processus de somalisation. Prochainement, il lui faudra impérativement intervenir dans le sud de la Libye où les katibas jihadistes ont prospéré sur les ruines du régime du colonel Kadhafi.
Toutes ces missions en cours ou à venir se font dans un alarmant contexte de paupérisation militaire. Pour 2014, le budget français de la défense est de 30,15 milliards d’euros et plus de 5 milliards d’euros de commandes d’équipement pourtant nécessaires ont été « décalées ». Comme l’aide française au développement est de 9,4 milliards d’euros, pourquoi ne pas amputer cette inutile enveloppe afin d’affecter 5 milliards à la Défense ?

1 commentaire:

  1. Voyons, l'aide française au développement est indispensable car ce sont des subventions cachées aux grandes entreprises françaises clients directs de nos politiques. Je n'évoque même pas toutes les possibilités de retour en valises de billets qu’implique ces flux monétaires vers des pays encore plus corrompus que le notre.

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